Le givre
Mon Dieu ! Comme ils sont beaux
Les tremblants animaux
Que le givre a fait naître
La nuit sur ma fenêtre !
Ils broutent des fougères
Dans un bois plein d'étoiles,
Et l'on voit la lumière
A travers leurs corps pâles.
Il y a un chevreuil
Qui me connaît déjà.
Il soulève pour moi
Son front d'entre les feuilles
Et quand il me regarde,
Ses grands yeux sont si doux
Que je sens mon coeur battre
Et trembler mes genoux.
Laissez-moi, ô décembre !
Ce chevreuil merveilleux.
Je resterai sans feu
Dans ma petite chambre.
Maurice Carême
J'aime beaucoup ce poème car il réveille en moi des souvenirs lointains.
Lorsque nous étions enfants, mes soeurs et moi, partagions la même chambre, à l'étage de notre maison.
C'était une grande chambre sans chauffage. La seule chaleur était celle qui montait du rez de chaussée lorsque nous ouvrions la porte des escaliers.
Pour chauffer nos lits, nous mettions une brique chauffée sur la cuisinière ou dans le four .
Dès que les gelées arrivaient, sur les vitres de la fenêtre, nous admirions les beaux dessins que faisait le givre. Notre imagination nous laissait deviner des animaux, des fleurs.....
Le poème de Maurice Carême fait renaître ces souvenirs à chaque lecture.
Ces temps ont disparu et on ne peut que se réjouir que les enfants ne voient plus ces dessins de dame nature même si c'était très poétique.