Lorsque j'étais petite fille, mes soeurs et moi attendions le 1er mai avec impatience, c'était le jour où nous sortions les vêtements d'été et surtout nos shorts
( en mai, fais ce qu'il te plaît ).
S'il pleuvait, notre 1er mai était irrémédiablement gâché.
Si le soleil était au rendez-vous, c'était la fête.
Nous mettions nos habits d'été, nous allions à la foire à Neuville en voiture car nous avions la chance d'en avoir une. Je me souviens d'une famille de mon village qui partait à la foire en tracteur, les enfants installés sur la remorque.
La foire de Neuville est connue dans toute la région, je cois qu'elle existait déjà au moyen âge. Nous trouvions de tout sur cette foire, des vêtements, de la nourriture, des animaux, des engins agricoles, des voitures...
Il y avait aussi la vogue mais, nos parents évitaient de s'en approcher pour ne pas nous faire envie, 4 enfants sur les manèges, cela faisait trop de dépenses.
Après la foire, nous allions pique-niquer au bord de la Saône et nous passions l'après midi au bord de l'eau, notre père pêchait pendant que nous jouions sous l'oeil vigilant de notre mère.
Plus tard, il y eut la cueillette du muguet.
Quelques jours avant le 1er mai, la famille au grand complet, passait des journées entières dans les bois à cueillir du muguet. Nous mangions sur place pour en cueillir le plus possible.
Je dois reconnaître que je n'étais pas très patiente contrairement à ma soeur aînée qui pouvait rester une heure et plus au même endroit. Moi, j'avais vite envie de bouger, de faire autre chose, grimper dans les arbres par exemple. Mais, nous n'étions pas là pour faire du tourisme.
Le soir, à la maison, il fallait trier le muguet, faire des bouquets de 50 ou 100 brins. Les entourer de belles feuilles, les attacher avec un morceau de laine.
Le matin du 1er mai, nos parents se levaient très tôt pour aller vendre notre muguet à Lyon, sur les marchés où les fleuristes venaient s'approvisionner. Selon la qualité du muguet cueilli, l'abondance ou non de vendeurs, la recette était plus ou moins bonne.
L'argent ainsi gagné était bien utile à la famille.
La foire à Neuville existe toujours, nous y sommes allés tout à l'heure.
Depuis quelques années, nous y achetons du saucisson d'Ardèche ou de Haute Loire, du jambon cru, de la tome de Savoie, du pain de campagne et de la pogne,( délicieuse brioche aux pralines), puis nous rentrons déguster tout cela à la maison.
La tradition a été respectée, nous nous sommes régalés, tant pis pour notre "parisienne" qui n'aura pas eu sa pogne cette année.